Survival Guide to Soviet Kitsch

4 juillet 2007

"Je suis enterrée vivante
Contente de moi
Au-dessus, des obstacles lentes
Contemple, contemple-moi là"

Emilie Simon, Dame de Lotus

Alors voilà, je me présente.
Je crois que je peux me présenter parce que j'ai reçu la vérité en pleine face. Une vérité qu'aucun de tous mes co-galériens de prépa n'a reçue en pleine tronche. Sur mon visage, ça se voit pas, c'est pratique pour sortir dans la rue. A l'intérieur, si on retourne bien, on voit encore que c'est pas cicatrisé.
La prépa, c'est bien (je dis ça pour Jolene qui va y entrer dans deux mois, et puis vu que j'ai l'ambition de dire la Vérité dans ce post, autant dire la vérité vraie). C'est bien, ça coocoone comme les soins L'Oréal, ça remue comme Space Mountain, ça vous fait le cerveau comme l'Encyclopedia Universalis.

Et le pire, c'est ce message "Elite de la Nation". J'ai l'honneur de vous dire que non, vous n'êtes pas l'élite de la nation (déjà, c'est une agence de mannequin, avec un copyright donc attendons nous à avoir des procès au cul).
L'élite de la nation, elle est partout ailleurs en fait. Elle a eu assez de bon sens pour se tirer de là. D'aller ailleurs. Ou peut être qu'elle est parmi nous, mais alors elle est sous-a voire admissible à l'ENS.
Ne vous laissez pas avoir par ce message "dehors ça sera du gâteau". Non, dehors c'est la jungle, et nous comme des cons a demandé à être coocoonés deux ans de plus.
Grosse bourde.

Comme une coconne coocoonée je me suis lancée à la poursuite de Sciences Po. Non, une Hypokhâgne-Khâgne ne suffit pas, il faut ce je-ne-sais-quoi de précis, de recherché, ce style si particulier. Que je n'ai pas, parce qu'on m'a formatée "Normalienne".
Je ne cherche pas d'excuse.
A la rigueur, le jour du procès je convoquerai à la barre mon ego surdimensionné qui a été mon sbire et partenaire principal durant ces derniers mois de dur labeur insignifiant.
Je convoquerai également mon ancien professeur d'allemand qui, lui, avait les yeux ouverts depuis le début.

Rien n'est assuré. Tout est à conquérir.
Bon, là, ça devrait être motivant, y devrait y avoir un plan de moi qui mets ma cotte de mailles, mes genouillères, ma petite jupette de gladiateur et mon casque avec des poils (rouge ou noir ? je sais pas quoi mettre sur le bon de commande).
Sauf que non.
Non .
Tout le monde donne son avis, tout le monde a un avis différent bien sûr. Ceux qui veulent ça et les autres qui veulent ceci.
Prépa IEP ou Licence d'anglais ?
Mais la prépa, privée (à Paris) ou publique (à l'université) ?
Et moi je devrais garder la tête froide et absolument pas criser ...
Parce qu'au fond, j'ai abandonné les rênes de ma vie quand les autres ont commencé à donner leur avis perso.
J'ai cru que j'allais finir par céder, et accepter bon an mal an ce que la famille aura décidé de ce qui est bon et sain pour moi.
Heureusement, j'ai eu un coup de fil moralisateur de ma tante "Tu as presque 20 ans, c'est l'âge où on commence à piloter sa vie. Tout le monde ne te demande pas de faire ce qu'ils proposent. Ils te proposent chacun un éclairage différent sur ta situation, des solutions auxquelles tu n'aurais peut être pas pensé".
En trois phrases elle m'a libérée.
Maintenant je suis libre (donc je dois faire un choix) mais je risque d'être aveugle, avec tous ces projos braqués sur mon futur, vers lequel j'avance aveuglément.